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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/599

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La racine a la figure de l’homme, et est spiritueuse. La tige et les feuilles du gin seng qui croît dans le mont Tai chan, sont de couleur violette : la racine est de couleur blanche. De plus, dans le territoire qui est entre les fleuves Hoai et Kiang, il naît une autre espèce de gin seng, dont la tige, quand elle commence à pousser, est haute d’un ou de deux pieds. Elle porte des feuilles de la figure de petites cuillers à thé, mais plus petites, et semblables à celles du ki ken[1]. Dans un même endroit il croît cinq ou sept de ces plantes à la fois. La racine ressemble à celle du ki ken, mais elle est plus molle, et la saveur en est plus douce et plus agréable. Dans l’automne elle porte des fleurs d’une couleur violette, tirant sur le vert. On bêche la racine au printemps ; et dans l’automne les gens du pays la mêlent avec d’autres racines, et la vendent.

Pour connaître le véritable gin seng de Chang tang, on fait l’expérience suivante. Deux personnes faisant voyage de compagnie, l’un marche avec du gin seng dans la bouche, tandis que l’autre marche la bouche vide. Au bout d’une demi-lieue, celui qui a du gin seng dans la bouche, ne se sent point la respiration embarrassée, et l’autre, au contraire, est las et tout hors d’haleine. C’est là une marque certaine de la bonté du gin seng.

Tsong tchi dit : Le gin seng de Chang tang a la racine longue et déliée : elle entre quelquefois plus d’un pied avant en terre, et elle se partage souvent en dix branches : il se vend au poids de l’argent[2]. Il est un peu difficile à trouver : quand les gens du pays ont découvert l’endroit où il y en a, et qu’ils en ont ramassé une quantité suffisante, ils le mettent entre de petites planches, qu’ils enveloppent dans du taffetas.

Kia meou dit : Le gin seng de Tseë toen ressemble à l’homme : il est de couleur violette et un peu plat. Celui de Pé tsi est ferme, blanc, et parfaitement rond : on le nomme pé tsiao sen, corne de bélier. Celui du Leao tong est jaune, plein de suc, long et délié. Il a des fibres en forme de barbe : on le nomme ordinairement hoang seng, ou gin seng jaune : il est meilleur que les autres.

Le gin seng de la Corée tire un peu sur le violet : il n’est pas ferme. Celui de Sin lo est d’un jaune d’étain, il n’a pas grand goût : sa figure a de la ressemblance avec celle de l’homme, et il est fort spiritueux. Celui de cette espèce, qui a la figure d’un pied de poule, a une vertu extraordinaire.

Che tchin dit : L’ancien pays de Chang tang, est ce qu’on appelle aujourd’hui Lou tcheou. Le peuple regarde le gin seng comme la ruine du pays où il croît, parce que sans doute ce qu’on en ramassait, était tout pour l’empereur. C’est pourquoi il a cessé de le cultiver.

Celui dont on use maintenant, vient de Leao tong, de la Corée, de

  1. Nom de plante.
  2. Cela était vrai autrefois ; mais maintenant il se vend presque au poids de l’or.