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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/618

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puis les faire sécher. Il y en a de mille et de dix mille sortes, qui ont autant de noms différents, etc.

Le véritable Thé est d’une qualité froide. Il n’y a que celui qui croît dans le Mong chan[1], qui est une montagne dans le territoire de Ya tcheou, lequel soit médiocrement chaud, et qui soit d’usage dans la médecine.

L’auteur d’un traité sur le tcha, nommé Mao ven si, dit : La montagne de Mong chan a cinq pointes, où il y a toujours des arbres de thé. La pointe du milieu s’appelle Chang tsing fong, sur laquelle il y avait autrefois un bonze, incommodé depuis longtemps d’une maladie qui procédait d’une cause froide. Ce bonze rencontra un jour un vieillard qui lui dit : Pour cueillir le thé de la pointe du milieu de la montagne Mong chan, choisissez le temps de l’équinoxe du printemps, savoir, quelques jours avant ou après, au temps du premier tonnerre qui se fera entendre. Alors employez le plus de monde qu’il se pourra pour cueillir trois jours de suite tout le thé qui se trouvera.

Si vous prenez une once de ce thé-là, infusez-le dans de l’eau bouillante, tirée de la même montagne, cela suffira pour guérir toutes sortes de maladies invétérées. Avec deux onces, vous pourrez vous garantir des maladies nouvelles. Avec trois onces, vous fortifierez extrêmement la chair et les os, et toute l’habitude du corps : et si vous en prenez jusqu’à quatre onces, vous deviendrez un véritable ti sien, c’est-à-dire, un habitant éternel de la terre.

Ce bonze ayant suivi le conseil que lui donna le vieillard, ramassa quelques onces de ce thé : et avant que de l’avoir tout consumé, il se trouva parfaitement guéri de sa maladie. Depuis ce temps-là on va continuellement cueillir les feuilles de thé sur les quatre autres pointes de ladite montagne.

Mais pour la cinquième pointe, parce qu’elle est toute couverte de bois épais et de broussailles, et ordinairement de nuages et de brouillards, qu’il y a d’ailleurs quantité d’oiseaux et de bêtes féroces, on n’ose l’y aller cueillir ; c’est ce qui le rend à présent extrêmement cher. Cette sorte de thé l’emporte sur celui de tous les autres endroits pour la médecine.

Aujourd’hui Tsai siang parlant à fond du thé de Fo kien, dit qu’il n’y a que celui-là qu’on appelle La tcha, thé de cire. On porte tous les ans de ce thé à l’empereur : on le met dans des formes, et on en fait des pains, en le faisant sécher au soleil : plus il prend de chaleur, plus il est excellent.

Toute autre sorte de thé ou est en feuilles, et pour cela s’appelle Ya tcha ; ou est en poudre, et on le nomme pour cette raison Mou tcha. Ces deux espèces, quand on les serre, si on les montre au feu, s’endurcissent, et ne peuvent se conserver longtemps : leur couleur et leur goût se

  1. Cette montagne est dans la province de Chan tong, dans le territoire de Tsing tcheou fou.