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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/638

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Ses vertus.

Elles sont à peu près semblables à celles qu’on attribue au gin seng, avec cette différence que le fréquent usage de cette racine ne cause pas des hémorrhagies, comme fait le gin seng. Elle ne laisse pas de fortifier, et de rétablir les forces perdues, ou par l’excès de travail, ou par de longues maladies ; c’est ce que j’ai éprouvé moi-même, dit le P. Parrenin : j’avais perdu l’appétit et le sommeil, et nonobstant divers remèdes qu’on m’avait donnés, j’étais dans un abattement et dans une langueur extrêmes, causés par les fréquents voyages qu’il me fallait faire durant les rigueurs d’une saison froide et humide. Le Tsong tou des deux provinces de Se tchuen et de Chen si étant venu en Tartarie rendre ses devoirs à l’empereur, apporta selon la coutume, ce qu’il avait trouvé de plus singulier dans son département, et entre autres choses, des racines de hiao tsao tong tchong. Comme je l’avais connu autrefois, il vint me voir. Touché de mon état, il me proposa d’user de sa racine, qui m’était tout à fait inconnue. Il la loua beaucoup, comme font d’ordinaire ceux qui donnent, ou qui croient donner des remèdes spécifiques, et il m’enseigna la manière de la préparer.

Il faut, me dit-il, prendre cinq drachmes de cette racine toute entière, avec sa queue, et en farcir le ventre d’un canard domestique, que vous ferez cuire à petit feu. Quand il sera cuit, retirez-en la drogue, dont la vertu aura passé dans la chair du canard, et mangez-en soir et matin, pendant huit ou dix jours. En effet, quand j’en eus fait l’épreuve, l’appétit me revint, et mes forces se rétablirent. Le Tsong tou fut ravi de voir, avant son départ, le succès de son remède.

Les médecins de l’empereur que je consultai sur la vertu de cette racine, me l’expliquèrent de la même manière qu’avait fait le Tsong tou ; mais ils me dirent, qu’ils ne l’ordonnaient que dans le palais, à cause de la difficulté qu’il y a d’en avoir, et que s’il s’en trouvait à la Chine, ce ne pouvait être que dans la province de Hou quang, laquelle, entre les plantes qui lui sont propres, en produit beaucoup d’autres qui croissent dans les royaumes voisins. J’écrivis à un de mes amis qui y demeure, et je le priai de m’en envoyer ; mais le peu de cette racine dont il me fit présent, était noir, vieux, et carié, et coûtait quatre fois son poids d’argent.