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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/648

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avec de l’eau, où ils ont trempé de l’alun, on ne distingue aucun caractère : mais aussitôt qu’ils lavent cet écrit avec de l’eau, où l’on a mis tremper des ou poey tse, les caractères paraissent très noirs.

Les ou poey tse sont aussi d’un grand usage parmi les teinturiers de la Chine, pour teindre en noir du damas blanc. Voici de quelle manière ils s’y prennent.

Ils en plongent une pièce jusqu’à vingt fois et davantage dans une chaudière, ou bain de tien, c’est-à-dire, de pastel, et la laissent sécher après chaque teint. A la fin elle prend la couleur d’un noir, mêlé de rouge, semblable à celle de certains raisins. On prépare en même temps le teint en beau noir de la manière suivante.

D’abord on y fait entrer une livre de vitriol, qu’on nomme hé fan, vitriol noir, ou lou fan, vitriol vert : le Mars y domine, mais il est mélangé d’un blanc obscur. On fait fondre ce vitriol tout seul dans un bassin d’eau chaude, et quand l’eau est reposée, on en jette le marc. Ensuite on prend trois onces de ou poey tse, et trois livres de siang ouan tse : le bain de ces deux drogues se prépare, en les infusant ensemble dans un panier qu’on suspend dans une cuve, où on les fait bouillir.

Après ces premières opérations, on prend la pièce de damas, qui a déjà été dans le grand teint, et on la met dans l’infusion bouillante des ou poey tse et des siang ouan tse : le damas y change de couleur, et devient tout à fait noir : alors on le retire, on le tord, et on le laisse sécher. On le baigne ensuite une fois dans l’eau de vitriol, qu’on a conservée chaude, et après l’avoir laissé égoutter, on l’expose à l’air. Puis on revient au bain des deux autres drogues, où le damas prend divers bouillons, et devient beaucoup plus noir : alors on jette dessus une grande cuillerée de l’eau de vitriol : il faut avoir soin que la pièce de damas s’imbibe également partout.

Enfin on réitère une troisième fois le bain des ou poey tse et siang ouan tse, qu’on fait encore bouillir ; on y enfonce le damas de tous les côtés, mais sans y jeter de l’eau de vitriol. Seulement dans la cuve, où l’on a mis à part certaine quantité de la teinture des drogues, on jette le poids de trois onces de farine de petits pois verts, nommés lou teou fuen, qu’on mêle bien ensemble, en empêchant que l’eau ne s’épaississe. On y plonge la pièce de damas, avec attention qu’elle en soit également pénétrée. Quand on l’a retirée, on la tord, et on la laisse sécher. On lui donne sa perfection, en passant par dessus, d’une manière douce et uniforme, le carreau chaud dont se servent les tailleurs.

Mais ce qui mérite le plus d’attention, et ce qui fait bien plus estimer les ou poey tse ; c’est que cette drogue contient beaucoup de vertus médecinales, et qu’on l’emploie utilement pour la guérison des maladies, tant internes, qu’externes.

Selon le livre chinois, les ou poey tse sont propres à restreindre les évacuations excessives qui se font par les diarrhées, par les dysenteries,