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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/653

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du bouillon. Quand elle est chaude, versez-la doucement sur les ou poey tse, de telle sorte qu’elle les surmonte de la hauteur d’un pouce ; ensuite, placez le mortier à l’écart sans y toucher. Après dix ou douze jours, examinez s’il paraît sur la surface de la liqueur une pellicule jaunâtre qui la couvre entièrement, et si les ou poey tse en sont bien pénétrés et amollis, sans quoi vous attendrez encore quelques jours. Quand vous les trouverez au point de perfection, broyez-les jusqu’à les réduire en une espèce de purée, et exposez cette mixtion au soleil. Quand la surface sera de nouveau couverte d’une pellicule, broyez encore le tout, et remettez-le au soleil. Cette opération se réitère jusqu’à ce que la matière prenne de la consistance, et soit sur le point de sécher. Alors formez-en des pilules, chacune du poids d’un denier. Lorsque ces pilules auront été bien séchées au soleil, renfermez-les, et conservez-les avec soin.

Lorsque vous serez tourmenté de la toux sèche, prenez, avant que de vous coucher, une de ces pilules que vous laisserez fondre dans la bouche. Vous éprouverez que son goût aigre-doux a une vertu singulière, pour attirer une humeur propre à dissoudre les phlegmes, à arrêter la toux, et à tempérer la chaleur interne dans son principe : la respiration deviendra libre, et les poumons reprendront une meilleure situation.

Ce remède est principalement utile aux personnes âgées. Il ne convient pas de le donner à ceux qui auraient une toux, laquelle proviendrait d’un grand épuisement de forces, et de causes froides internes et habituelles. Si néanmoins la toux venait de ce que par hasard on aurait été surpris d’un vent froid, ce remède serait encore d’usage. Il convient principalement à la toux sèche, qui est produite par la pituite, laquelle dénote un feu interne immodéré.


TABLETTES MÉDECINALES
OÙ DOMINENT LES OU POEI TSE.


Ces tablettes sont d’un grand usage à la Chine, et l’on en fait beaucoup de cas. Un certain temps de l’année, l’empereur en fait présent aux Grands de sa cour ; et quelquefois même aux Européens de Peking, quand il veut leur donner des marques de distinction. On en vend chez les droguistes, mais comme le degré de leur bonté dépend des grands soins et de l’attention qu’on y apporte, celles qui se font dans le palais par ordre de l’empereur, sont préférées à toutes les autres.

Ces tablettes se nomment clous précieux de couleur violette. Elles sont regardées, comme on regarde en Europe les confections d’Hyacinthe et d’Alkermes. Les médecins chinois assurent qu’elles sont d’un usage salutaire à une infinité de maux, tant internes qu’externes, et qu’on devrait