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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/654

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s’en fournir dans toutes les maisons, et surtout quand on entreprend un long voyage.

La composition de ces tablettes consiste : 1° En deux onces de ou poey tse : 2° En deux onces de chan tse cou, dont on a ôté la peau, en les grillant. 3° En une once de tsien kin tse gin, après qu’on a ôté à ce petit grain, ou à son amande, ce qu’il y a d’huileux. 4° En une once et demie de hung ya ta kié ; on ôte aussi à cette écorce ce qu’elle a de superflu à l’extérieur. 5° En trois drachmes de musc.

Il faudrait avoir des montres de toutes ces drogues, afin de pouvoir les faire connaître. Tout ce que j’en puis dire, c’est que le chan tse cou et le tsien kin tse gin sont deux drogues laxatives, mais dont la force est tempérée par le ou poey tse, qui y domine. Le hung ya ta kié est l’écorce d’une plante ou roseau, qui a la vertu de dissiper les méchantes humeurs.

Après avoir réduit séparément toutes ces drogues en une poudre très fine, on les mêle ensuite, et on les réduit en pastilles ou trochisques, avec de l’eau où l’on a fait bouillir pendant quelque temps du sou mi, ou mil, jusqu’à en faire une purée très claire.

Le point essentiel est de ne point épargner sa peine, et de battre très longtemps cette espèce de pâte, qui est d’abord très déliée, après quoi on en forme des trochisques de la forme qu’on veut, mais communément on les fait de la figure d’un long et gros clou sans tête. Chaque tablette doit être du poids d’une drachme. On les fait bien sécher à l’ombre, afin qu’elles soient plus de garde.

En général, ces trochisques sont propres à réjouir le cœur, et à rétablir le tempérament, lorsqu’on y sent quelque dérangement. Il ne faut que mordre de la pastille, la mâcher, et en avaler un bon morceau.

Mais pour dire quelque chose de plus particulier de ses différents usages, ces trochisques, à ce qu’assurent les médecins chinois, sont très bons contre le venin, contre l’air contagieux, et lorsque par accident on a mangé ou bu quelque chose de vénéneux, ou de malfaisant ; alors broyez entièrement un de ces clous dans de l’eau fraîche, et avalez-le en une prise, infailliblement, ou il suivra un vomissement qui n’aura rien de fâcheux ni de violent, ou vous ferez quelques selles légères, et vous vous trouverez guéri.

Quand il survient des apostumes ou des clous vénéneux, dès qu’ils paraissent, appliquez dessus une pastille broyée, et dissoute dans du vin. Dans les maux de cœur on use de la même pastille dans du vin. Si l’on est attaqué d’apoplexie, il faut pareillement prendre une de ces pastilles dans du vin chaud.

Dans les fièvres ardentes et malignes, dans les enflures et inflammations de gosier, avalez la pastille dans de l’eau, où vous aurez fait bouillir du po ho, c’est à-dire, du pouliot. C’est aussi dans la décoction du pouliot qu’on prend le même trochisque, lorsqu’on a des diarrhées, des vomissements, et qu’on est attaqué de la dysenterie.

Si par désespoir un homme s’est étranglé, ce qui arrive assez souvent à la Chine, ou si par malheur il s’est noyé, pourvu qu’on lui sente un peu