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ARTICLE SECOND.
Régler l’usage des aliments.


C’est une nécessité à l’homme de boire et de manger, afin de soutenir le corps : la nourriture qu’il prend, si elle est bien réglée, maintient l’estomac dans la situation qui lui convient. C’est dans l’estomac que se fait la coction et la digestion des aliments ; il est la première source du sang, des esprits vitaux, des sucs et des humeurs qui se répandent dans les divers membres, pour les conserver dans leur vigueur naturelle : ainsi ceux qui sont attentifs à leur santé, doivent l’être extrêmement à observer certaines règles touchant le boire et le manger.


I.

Que ce soit la faim, et le besoin que vous sentez, qui règlent votre nourriture, et donnez-vous bien de garde d’en prendre avec excès : cet excès nuit aux esprits vitaux, et fatigue l’estomac. Le chyle vicié, porté dans la masse du sang, la rend épaisse, et peu propre à une fermentation spiritueuse.

De même, ne pensez à boire que quand vous avez soif : apaisez-la sans y faire d’excès : le trop de boisson endommage le sang, et le ventricule se gonfle, en précipitant la sortie d’un chyle mal cuit. Le vin étant visqueux, cause des vents dans la fermentation, dont suit le gonflement.


II.

Déjeunez de grand matin : on respire par le nez l’air du ciel, et par la bouche on se nourrit des sucs de la terre, et l’on en reçoit les exhalaisons. Il est important de ne jamais sortir de sa maison à jeun.

Cette précaution devient plus nécessaire, s’il règne des maladies populaires, ou si l’on est obligé d’entrer chez des malades. En hiver, un ou deux coups de vin sont un excellent préservatif contre le mauvais air : il est bon de prendre quelque aliment, mais en petite quantité, qui serve à occuper et à affermir l’estomac. C’est une espèce de confortatif : il empêche en été qu’on ne soit saisi d’un air corrompu, et il préserve de colique, de dévoiement, de dysenterie, etc. En hiver il fortifie contre la rigueur du froid, contre les frimas, et les vapeurs malignes des brouillards. Il est au printemps d’un puissant secours contre le grand vent, contre le serein, et les rosées abondantes.

Ce sont là les avantages d’une pratique que j’observe exactement. Je me lève dès le grand matin ; aussitôt, et même avant que de me laver le visage, et de me rincer la bouche, j’avale du riz clair plein une écuelle,