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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/668

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et je prends un peu de riz solide. L’usage du cange, ou du riz clair, est convenable à la disposition de l’estomac, et humecte utilement le levain qui y est renfermé. Au défaut de riz clair, je me contente d’eau chaude, où j’ai fait dissoudre un peu de cassonade.


III.

Prenez un bon repas vers le milieu du jour. Faites vous servir à dîner les viandes les plus simples, elles sont plus saines et plus nourrissantes. Ne laissez guère approcher de votre table certains ragoûts qu’on n’a inventés, que pour réveiller ou pour chatouiller l’appétit.

Les sauces de haut goût sont de cinq sortes, et chacune, si l’on en fait un fréquent usage, a des qualités nuisibles à la santé. Les aliments trop salés incommodent le cœur : ceux qui sont trop aigres sont contraires à l’estomac : ceux qui sont trop amers endommagent les poumons ; ceux qui sont trop piquants préjudicient au foie par leur acidité ; enfin ceux qui sont trop doux, nuisent aux reins.

Mais ce que l’on doit le plus éviter en apprêtant les aliments, c’est l’excès du sel. Le sel ralentit le mouvement du sang, et rend la respiration moins libre. L’eau salée, jetée dans le sang d’un animal qu’on vient d’égorger, le fige aussitôt et le coagule. Aussi voit-on que ceux qui se nourrissent ordinairement de viandes salées, ont le teint pâle, le pouls embarrassé, et sont pleins d’humeurs impures et viciées.

Accoutumez-vous donc aux aliments les plus simples, ils vous préserveront d’une infinité de maladies, et vous maintiendront dans une santé parfaite. Mais ayez soin que ces aliments soient chauds lorsque vous les prenez : ne mangez jamais de viandes froides, surtout quand elles sont mêlées de graisse. Cette nourriture, en séjournant dans le ventricule, y produirait des crudités, qui causeraient des tranchées, la diarrhée, et d’autres incommodités semblables.


IV.

En prenant vos repas, mangez lentement, et mâchez bien vos morceaux.

1° Cette mastication lente brise les aliments, les imbibe de salive, et les met en un état de finesse et de première dissolution, qui les prépare à la fermentation de l’estomac.

2° La digestion ainsi commencée sous les dents, et par le secours de la salive, se perfectionne aisément par le levain du ventricule.

3° On se préserve de bien des accidents, qui arrivent à ceux qui mangent avec précipitation, tels que sont la toux, le hoquet, et le y tse, c’est-à-dire, une irritation de l’œsophage qui est quelquefois mortelle.

Quoi de plus dégoûtant, et en même temps de plus risible, que de voir un homme prendre sa réfection, de même que le tigre se jette sur sa proie, se hâter de manger, se remplissant sans cesse la bouche de nouveaux morceaux