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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/671

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la bouche et les dents ; c’est le moyen de les affermir et de les conserver jusqu’à la vieillesse.

Je ne conseille pas de boire beaucoup, ni de thé, ni d’autre liqueur. L’estomac ne veut point être trop humecté : un peu de sécheresse et de chaleur le met dans l’état le plus convenable à ses fonctions.

J’avouerai ingénument que le thé n’est pas de mon goût, et que lorsque je suis obligé d’en boire, je sens que mon cœur se soulève. La faiblesse de ma constitution dans ma jeunesse a pu contribuer à cette antipathie. Je ne distingue pas même le thé excellent du plus commun ; c’est ce qui m’attire quelquefois des plaisanteries de la part de mes amis : mais je me raille à mon tour de leur délicatesse, et je me sais bon gré d’y être insensible.

Mais, dit-on communément, celui qui n’aime pas le thé, n’est pas indifférent pour le vin[1]. J’en bois, il est vrai, mais je n’en prends jamais plus de quatre ou cinq petites tasses : si j’allais au-delà, j’aurais aussitôt la respiration embarrassée, la tête brouillée de vertiges, l’estomac dérangé, et le lendemain je me trouverais dans la situation d’un homme qui est menacé d’une maladie prochaine.

Le vin pris sobrement, réjouit la nature abattue, réveille ses forces, et rend à la masse du sang et au pouls leur vivacité naturelle. Mais s’il est pris avec excès, il produit des ferments venteux, il cause des obstructions dans les reins, et corrompt l’estomac.

Rien ne me paraît ni plus honteux, ni plus indigne d’hommes raisonnables, que de disputer ensemble dans un festin, qui boira le plus de rasades, et qui aura plus tôt vidé sa tasse. Pour moi, quand je régale mes amis, je les invite volontiers à boire deux ou trois coups, pour les mettre en belle humeur : mais j’en demeure là, sans les presser davantage, ni leur faire de ces sortes de violences qui ruineraient leur santé.

Telles sont mes maximes pour le temps du repas : elles sont aisées, et si on les pratique, je suis sûr qu’on s’en trouvera bien.


ARTICLE TROISIÈME.
Régler les actions de la journée.


Dans les actions ordinaires de la vie, on est assez attentif aux choses considérables qui donnent une atteinte visible à la santé : mais il y en a beaucoup de petites, qu’on regarde comme des minuties, et auxquelles on ne daigne pas faire attention. Ce sont cependant ces minuties observées avec soin, qui préservent de plusieurs incommodités, et la négligence

  1.  Les Chinois, comme nous l'avons dit, font leur vin avec du riz distillé, et ce vin a beaucoup de force.