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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/672

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sur cet article, abrège quelquefois le cours des années, que le Tien voulait nous accorder.

A parler en général, la vie de l’homme dépend du mouvement régulier des esprits. Il y en a de trois sortes : Les esprits vitaux, que nous nommons tsing ; les esprits animaux, qu’on nomme ki ; et un troisième ordre d’esprits, bien plus nobles, plus dégagés de la matière, et auxquels le nom d’esprit convient beaucoup mieux, c’est ce qui se nomme chin.

C’est des esprits vitaux que naissent les esprits animaux, et de ceux-ci ce troisième ordre d’esprits destinés aux opérations intellectuelles. Si les esprits vitaux viennent à manquer, il faut nécessairement que les esprits animaux manquent aussi, et cette seconde espèce d’esprits étant épuisée, la troisième ne peut subsister, et il faut que l’homme périsse.

Il est donc important de ne pas dissiper vainement ces trois principes de la vie humaine, ou par l’usage immodéré des plaisirs sensuels, ou par de violents efforts, ou par une application d’esprit trop forte et trop constante.


Remarques.

Ce que dit ici l’auteur chinois, s’accorde assez avec le langage d’un auteur moderne. Voici ses paroles qui y serviront d’éclaircissement :

Tous les ressorts du corps humain, dit-il, seraient inutiles et sans action, si Dieu n’avait produit et destiné les esprits vitaux, pour les faire agir, et leur imprimer le mouvement de la vie, et les esprits animaux, pour mettre en exercice les sens intérieurs et extérieurs. Aussi a-t-il déterminé pour instrument général de la vie végétante dans l’animal, le sang artériel, qui s’appelle aussi esprit vital, quand il a été échauffé et purgé dans le cœur.

Les esprits animaux sont bien plus excellents que les esprits vitaux, puisqu’ils sont les instruments d’une vie plus noble.

1° Les parties qui composent l’esprit animal, sont bien plus petites et plus subtiles que celles qui composent l’esprit vital.

2° Les parties de l’esprit animal se remuent en tout sens séparément les unes des autres, comme les parties qui composent l’air. Voilà le ki chinois. Les parties de l’esprit vital rampent, en glissant les unes sur les autres, comme les parties de l’eau. C’est le tsing chinois.

3° Les parties de l’esprit animal sont si fort agitées, qu’il devient imperceptible à tous les sens, et c’est là cette portion la plus déliée de ces esprits, appelée chin.

Les actions de croître, de se nourrir, etc. sont les actions vitales, attribuées au tsing chinois. Celles de sentir, par les sens intérieurs et extérieurs, sont les actions animales. Les esprits animaux, selon les anciens, ne sont qu’un air subtil, un souffle fort délicat ; et c’est justement le ki : c’est un composé de petits corps, qui sont dans un mouvement prompt et continuel, de même que les petits corps qui composent la flamme d’un flambeau allumé.