Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/673

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ces esprits, selon les modernes, ne sont qu’une humeur subtile, qui coule du cerveau dans les nerfs avec tant de force et d’impétuosité, que quand on les a percés, il est très difficile de l’arrêter.

L’auteur que je cite, entend par les esprits animaux un air très pur et très subtil, un souffle délicat ; et c’est le ki chinois. De plus une flamme plus déliée que n’est celle de l’eau-de-vie, et c’est le chin chinois.


I.

L’avis le plus important que je puisse donner pour maintenir le corps dans un juste tempérament, est d’être très sobre dans l’usage des plaisirs des sens : tout excès épuise les esprits. Ne faites point d’effort pour apercevoir ce qui est hors de la portée de votre vue, et vous conserverez le foie en bon état. Ne prêtez point l’oreille pour entendre ce qui demande une attention forcée, et vos reins seront sains. Gardez-vous de cracher beaucoup, et de pousser fréquemment dehors votre salive, vos poumons s’en trouveront bien. N’entreprenez pas des ouvrages d’un artifice extrêmement fin et délicat, le cœur en conservera sa force et sa vigueur.

Quand vous avez souffert de la faim, ne mangez pas beaucoup d’abord, et surtout abstenez-vous d’aliments crus et froids de leur nature, de crainte que l’estomac n’en souffre. Voilà ce qui regarde les parties internes. Pour ce qui est des actions extérieures. Ne marchez pas trop longtemps, vos nerfs en seraient fatigués ; ne vous tenez pas des heures entières debout et immobile, les os auraient de la peine à vous soutenir ; ne soyez pas trop longtemps assis, les chairs en souffriraient ; ne demeurez pas couché au-delà du besoin, le sang en serait moins fluide, et aurait plus de peine à couler dans les veines.

Dans les différentes saisons il y a pareillement des mesures à garder, pour se défendre des grandes chaleurs et des grands froids. En hiver, ne cherchez point à être trop chaudement, ni en été à vous mettre trop au frais. Ma maxime est de prévenir de bonne heure les diverses maladies, et de me précautionner contre leurs plus légères atteintes.


II.

Aussitôt après votre réveil, faites avec la main plusieurs frictions sur la poitrine à la région du cœur, de crainte que sortant tout chaud du lit, la fraîcheur ne surprenne tout à coup, et ne referme subitement les pores du corps, ce qui causerait des rhumes et d’autres incommodités, au lieu que quelques frottements avec la paume de la main, mettent le sang en mouvement à sa source, et préservent de plusieurs accidents.

De même, en vous lavant le visage au sortir du lit, gardez-vous de tenir les yeux ouverts, de crainte que les sels de la chassie et de la sueur,