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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/675

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V.

Quand on a exprimé le sucre des cannes, ne brûlez point sous vos yeux le bois et le marc qui restent : ce feu a la vertu maligne d’obscurcir la vue : on s’expose au même inconvénient, quand on se sert à la lampe de la graisse de poisson, au lieu de l’huile ordinaire.

Le musc et les fleurs des petites oranges renferment des insectes imperceptibles : ne les approchez point du nez pour les flairer, de crainte que ces petits vers ne pénètrent jusqu’au cerveau. L’air est rempli de semences imperceptibles de divers petits insectes, qui entrent dans nos corps par la respiration ; mais ils ne peuvent pas y éclore, faute de sujet propre à les aider : au lieu que les vers, qui déposent leurs petits œufs dans le calice farineux des fleurs, pourraient être attirés par le nez avec le ferment propre à les faire éclore.


VI.

Durant les trois mois du printemps que la nature fermente de tous côtés, il faut s’y conformer, et pour cela se donner du mouvement, ne fût-ce qu’en marchant, afin que les membres soient plus dispos. L’inaction et une vie sédentaire sont très contraires à la santé dans cette saison.

S’il y a alors certains jours, où la chaleur se fait sentir, ne quittez pas trop tôt vos habits d’hiver, et ne retranchez de vos vêtements que peu à peu et par degrés, de crainte que vous ne soyez surpris par un froid inopiné, qui dans cette saison succède assez ordinairement à la chaleur.


VII.

C’est en été qu’il se fait dans le corps une grande dissipation d’esprits. Les reins sont affaiblis, l’humide radical se dissout, et s’en va, pour ainsi dire, en eau et en sueurs. Il faut prendre alors des aliments un peu chauds, et propres à procurer au dedans une chaleur modérée.

Si après quelque violent exercice vous buvez des potions chaudes, capables d’exciter la sueur, laissez-la sortir à son gré, et ne soyez pas assez imprudent pour arrêter son cours, en quittant vos habits, moins encore en l’essuyant au plus vite, à mesure qu’elle sort, et employant à l’essuyer un linge humide. Il ne convient pas même de s’éventer durant la sueur.


VIII.

Pendant les trois mois de l’hiver, lorsque les eaux n’ont plus leur cours libre, le sang de nos veines devient lent, embarrassé, et même sujet à s’aigrir. Les vaisseaux se trouvant trop pleins, faute de transpiration, cette plénitude ôte la liberté du mouvement à la liqueur, et la rend plus lente. D’ailleurs, l’air plein de nitre qu’on respire, porte dans la