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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/680

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frottez-en la plante avec force et le plus longtemps qu’il vous sera possible : ne discontinuez que lorsque vous y sentirez une grande chaleur. Alors remuez séparément chaque doigt du pied jusqu’à vous lasser. C’est un moyen efficace de conserver et de réparer les esprits vitaux et animaux.


Remarque.

Ce qu’on conseille ici, je l’ai vu pratiquer, dit le Père Dentrecolles, à un gentilhomme anglais, sur son vaisseau, où j’étais. Il avait accoutumé tous les soirs de se faire frotter la plante des pieds par un de ses domestiques : il suivait vraisemblablement une leçon de la médecine anglaise, qui s’accorde en cela avec la maxime de notre auteur. Les médecins européens ordonnent qu’on applique à la plante des pieds des cataplasmes pour arrêter l’ardeur d’une fièvre accompagnée de transports au cerveau, et pour apaiser les douleurs aiguës de la colique : ce qui fait croire que la pratique recommandée par l’auteur chinois, peut être utile à ceux qui voudront s’y assujettir.


III.

Avant que de vous coucher, ne vous entretenez point de choses qui frappent l’imagination, et qui y laissent des traces capables de troubler votre sommeil, tels que sont des apparitions d’esprits, des enfantements monstrueux, des tours subtils de filous, ou des histoires tragiques. Vous dormiriez d’un sommeil inquiet, qui interromprait l’élaboration des esprits, et arrêterait la transpiration si nécessaire à la santé.


IV.

Aussitôt qu’on s’est mis au lit, il faut endormir le cœur ; je veux dire, qu’il faut le tranquilliser, et rejeter toute pensée qui pourrait écarter le sommeil.

Couchez-vous, ou sur le côté gauche, ou sur le côté droit ; pliez un peu les genoux, et endormez-vous dans cette situation : elle empêche les esprits vitaux et animaux de se dissiper, et entretient le cœur en bon état.

A chaque fois que vous vous réveillez, étendez-vous dans le lit : c’est le moyen de rendre le cours des esprits et la circulation du sang plus libre. En dormant, ne prenez point la figure d’un homme mort, dit Confucius, c’est-à-dire, ne vous couchez point sur le dos, et ne tenez point les mains appuyées sur la poitrine et sur le cœur, vous n’aurez point de ces songes fâcheux, où vous vous imagineriez que quelque Yen ou esprit malin vous oppresse, et vous tient comme engourdi, en sorte que vous