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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/681

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ne puissiez vous aider, ni en vous secouant, ni en changeant de posture.


V.

Quand une fois vous êtes au lit, gardez-y le silence, et abstenez-vous de tout entretien. Des cinq parties internes, le poumon est la plus délicate : il est placé au-dessus des autres, et sert à la respiration et à la formation de la voix. Quand on est couché dans la posture convenable, les poumons penchent et reposent sur le côté ; si alors vous vous mettez à discourir, vous forcez les poumons à se soulever en partie, et en se soulevant fortement, ils secouent les autres parties nobles internes.

Une comparaison servira à me faire entendre. La parole qui part du poumon, est comme le son qui vient de la cloche : si elle n’est pas suspendue, vous l’endommagez en la frappant pour la faire résonner. On rapporte que Confucius s’était fait une loi, de ne plus parler dès qu’il était couché : c’était sans doute pour la raison que je viens d’apporter.


Remarque.

Cet auteur raisonne selon les faibles notions qu’il a de l’anatomie. On voit bien qu’il ne connaît guère la structure du poumon, la séparation de ses lobes, et sa facilité à prendre différentes figures. Il ignore de même les fonctions du diaphragme, qui est l’instrument actif de la respiration, puisque c’est la contraction de ses muscles qui fait entrer l’air dans les poumons, d’où il est rejeté par leur relâchement. Voudrait-il rendre muets ceux qu’une longue maladie de simple langueur, ou une extrême vieillesse tient attachés au lit des années entières ? Il cherche trop de mystère dans le silence que gardait Confucius durant la nuit : il est vraisemblable qu’il cessait alors de s’entretenir avec ses disciples, parce qu’il avait assez discouru pendant la journée, et qu’il avait besoin de repos.


VI.

Durant le sommeil ne tenez point la tête et le visage sous la couverture : la respiration en serait moins pure et moins libre. Accoutumez-vous à dormir la bouche fermée : rien ne contribue davantage à conserver l’humide radical, qui s’évapore et se perd, lorsque la bouche demeure ouverte. Le moindre inconvénient qui en puisse arriver, c’est de perdre les dents de bonne heure : l'air en entrant et sortant continuellement, les heurte, et peu à peu les ébranle. D’ailleurs on s’expose à y recevoir des corpuscules grossiers, ou des influences malignes, qui passant par la bouche, s’insinuent dans le corps, infectent le sang, et deviennent la source de plusieurs maladies.