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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/112

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état aussi indigne de son rang. Il hésita un instant sur la qualité qu’il devoit prendre, & comme il avoit la tête pleine du principe de ses malheurs, & de toute la poterie qu’il avoit brisée depuis un tems, il répondit, sans trop sçavoir ce qu’il disoit, qu’il étoit un pauvre garçon qui raccommodoit de la fayance cassée, & qu’il demandoit retraite pour cette nuit là. À ces mots le visage de la vieille se radoucit un peu : Soyez, lui dit-elle, le bien venu, vous pourrez me rendre un service ; j’ai ici un pot-de-chambre fêlé que vous me raccommoderez. La vieille alla tout de suite chercher ce précieux meuble, & le mit entre les mains d’Acajou, pour qu’il se mît à l’ouvrage. Le Prince, aussi honteux de la profession qu’il venoit d’adopter, que du premier usage qu’on lui en faisoit faire, prit le pot de la vieille, puis se rappelant le serment terrible qu’il avoit fait de n’épargner