Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/113

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aucun pot-de-chambre, jusqu’à ce qu’il eût désenchanté sa Princesse, il fut quelque tems incertain entre la crainte du parjure & celle de violer l’hospitalité : le scrupule enfin l’emporta, & jettant le pot contre la muraille, il le brisa en mille piéces.

Je ne sais si le Lecteur est indigné de l’impolitesse d’Acajou, s’il sera étonné de l’événement, ou si par une sagacité singuliére il l’a déjà prévu. Quoiqu’il en soit, ceux qui n’ont pas tant de pénétration seront bien-aises d’apprendre que ce pot-de-chambre étoit le vase fatal auquel le pouvoir du Génie & de la Fée étoit attaché, & dont ils avoient confié la garde à cette vieille Sorciere. À peine étoit-il cassé qu’on entendit un coup de tonnerre & des hurlemens affreux. Le Château fut détruit, le Palais renversé. Le Génie & la Fée livrés à leur rage