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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/45

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Podagrambo soupçonna qu’il étoit la fable de la Cour ; ce n’étoit pas par pénétration : mais un tic assez ordinaire aux sots, est de penser fort avantageusement d’eux-mêmes, & de croire que les autres en parlent mal. Dans son dépit, il retourna chez lui, pour méditer quelque vengeance d’éclat, & pour concerter avec Harpagine le moyen d’enlever la Princesse. Ninette ayant prévû les entreprises qu’on pouvoit former contre sa chère Zirphile, lui avoit donné une écharpe, dont le charme étoit tel, que celle qui la portoit ne devoit craindre aucune violence.

Cependant l’innocent Acajou ne pouvoit sortir de la mélancolie qui le consumoit, & Zirphile étoit travaillée du même mal. Ils se promenoient souvent seuls ; & lorsque le hasard les conduisoit chacun de leur côté