Aller au contenu

Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces aimables enfans étoient si enyvrés de leur felicité, qu’ils oublioient toute la nature, & ne songeoient point à se séparer. Mais comme ils tardoient plus long-tems à revenir de la promenade qu’ils n’avoient coutume, Harpagine & Ninette allérent pour les chercher, & les appeloient chacune de leur côté. Nos amans furent effrayés de leurs voix, & se séparérent à regret ; mais l’espérance de revenir goûter les mêmes plaisirs, les fit retirer : ils craignoient qu’on ne troublât leur union, si on venoit à la soupçonner. L’amour est confiant dans ses desirs, & timide dans ses plaisirs.

L’image de Zirphile qui étoit gravée au fond du cœur d’Acajou, lui fit voir Harpagine plus horrible que jamais. Pour Zirphile, quoiqu’elle fût obligée de suspendre le plaisir de voir Acajou, celui qu’elle venoit de