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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/68

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quantité prodigieuse de cœurs percés de traits ; c’étoient autant de Talismans qui représentoient tous ceux qui rendent hommage à l’envie ; & les fléches étoient l’image du mérite qui fait le plus cruel supplice des envieux.

Harpagine frappa à l’instant Zirphile de sa baguette, & l’enleva au milieu d’un nuage, dans le moment même que le tendre Acajou lui baisoit la main. Ce malheureux Prince se prosterna devant la Fée, en la suppliant de ne faire tomber que sur lui le poids de sa vengeance, & d’épargner la Princesse ; il lui dit en vain tout ce que l’amour & la générosité inspirent. La cruelle Fée le regardant avec des yeux enflammés : « ose-tu, lui dit-elle, espérer aucune grace ? Mon cœur n’est plus sensible qu’à la haine. Je veux, d’un seul coup, exercer ma vengean-