Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
ASCANIO.

Benvenuto la vit enfin ainsi, souriante et pleurante à la fois : il alla à elle :

— Toi, Scozzone, lui dit-il, tu vas rester à la maison avec Ruperta, et préparer de la charpie pour les blessés et un bon dîner pour ceux qui se porteront bien.

— Non pas vraiment ! s’écria Scozzone ; oh ! je vous suis, moi ! Avec vous je suis brave à défier le prévôt et toute la prévôtaille, mais ici seule avec Ruperta, je mourrais d’inquiétude et de peur.

— Oh ! pour cela, je n’y consentirai jamais, répondit Benvenuto, cela me troublerait trop de penser qu’il peut t’arriver quelque malheur. Tu prieras Dieu pour nous, chère petite, en nous attendant.

— Àcoutez, Benvenuto, reprit la jeune fille comme illuminée d’une idée subite, vous comprenez bien que je ne puis supporter l’idée de rester tranquille ici, tandis que vous serez là-bas blessé, mourant peut-être. Mais il y a un moyen de tout concilier : au lieu de prier Dieu dans l’atelier, j’irai le prier dans l’église la plus proche du lieu du combat. De cette façon, le danger ne pourra m’atteindra, et je serai tout de suite avertie de la victoire comme du revers.

— Allons, soit, répondit Benvenuto ; au reste, il est entendu que nous n’irons pas tuer les autres ou nous faire tuer nous-mêmes sans, au préalable, aller entendre dévotement une messe. Eh bien ! c’est dit, nous entrerons dans l’église des Grands-Augustins, qui est la plus proche de l’hôtel de Nesle, et nous t’y laisserons, petite.

Ces arrangemens pris et les préparatifs terminés, on but un coup de vin de Bourgogne. On ajouta aux armes offensives et défensives des marteaux, des pinces, des échelles