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ASCANIO.

m’appelle Ruperta, dans sa prononciation étrangère, quoique de mon vrai nom je m’appelle Ruperte, pour vous servir) dame Ruperta, voilà un excellent gigot rôti à point ; dame Ruperta, vos fèves sont assaisonnées d’une triomphante façon ; dame Ruperta, je vous regarde comme la reine des gouvernantes, » et tout cela avec tant d’aménité que j’en suis pénétrée.

— À la bonne heure ! Mais il tue les gens, à ce qu’on dit.

— Oh ! oui, quand on le contrarie, il tue très bien. C’est un usage de son pays ; mais ce n’est jamais que lorsqu’on l’attaque et uniquement pour se défendre. Du reste, il est très gai et très avenant.

— Je ne l’ai jamais vu, moi. Il a des cheveux rouges, n’est-il pas vrai ?

— Non pas, vraiment. Il les a noirs comme vous et moi, c’est-à-dire comme je les avais. Ah ! vous ne l’avez jamais vu ? eh bien ! venez m’emprunter quelque chose sans faire semblant de rien, et je vous le montrerai. C’est un bel homme, et qui ferait un superbe archer.

— À propos de bel homme, et ce gentil cavalier comment va-t-il aujourd’hui ? Vous savez, notre blessé, ce jeune apprenti de bonne mine qui a reçu un si terrible coup pour sauver la vie à M. le prévôt ?

— Ascanio ? Vous le connaissez donc, lui ?

— Si je le connais ! Il a promis à ma maîtresse Colombe et à moi de nous faire voir de ses bijoux. Rappelez-le-lui, s’il vous plaît, ma chère dame. Mais tout cela ne me donne pas de ses nouvelles, et Colombe sera si contente de savoir que le sauveur de son père est hors de danger.