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ASCANIO.

notre sainte mère Eglise. Mon rêve est enfin de réunir toutes mes forces contre les ennemis du Christ, de chasser le sultan des Turcs de Constantinople, ne fût-ce que pour prouver qu’il n’est pas, comme on le dit, mon allié, et d’établir à Constantinople un second empire, rival du premier en force, en splendeur et en étendue. Voilà mon rêve, messieurs, et je lui ai donné ce nom afin de ne pas trop me laisser élever par l’espérance du succès, afin de ne pas être trop abattu quand l’avenir m’en viendra peut-être démontrer l’impossibilité. Mais s’il réussissait, s’il réussissait, connétable, si j’avais la France et la Turquie, Paris et Constantinople, l’Occident et l’Orient, convenez, messieurs, que ce serait beau, que ce serait grand, que ce serait sublime !

— Ainsi, sire, dit le duc de Guise, il est définitivement arrêté que vous refusez la suzeraineté que vous offrent les Gantois, et que vous renoncez aux anciens domaines de la maison de Bourgogne ?

— C’est arrêté ; l’empereur verra que je suis allié aussi loyal que loyal ennemi. Mais avant, et sur toutes choses, comprenez-le bien, je veux et j’exige que le duché de Milan me soit rendu ; il m’appartient par mon droit héréditaire et par l’investiture des empereurs, et je l’aurai, foi de gentilhomme ! mais, je l’espère, sans rompre amitié avec mon frère Charles.

— Et vous offrirez à Charles-Quint de passer par la France pour aller châtier les Gantois révoltés ? ajouta Poyet.

— Oui, monsieur le chancelier, répondit le roi ; faites partir dès aujourd’hui M. de Fréjus pour l’y inviter en mon nom. Montrons-lui que nous sommes disposés à tout pour conserver la paix. Mais s’il veut la guerre…