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ASCANIO.

— J’avais compris, dit la duchesse, sans qu’une des nuances de son joli teint pâlit à ce petit projet d’assassinat.

— Eh bien ! madame.

— Eh bien ! vicomte, je vois que vous êtes homme de précaution, et qu’il ne fait pas bon être de vos ennemis, diable !

— Mais sur la chose en elle-même, madame ?

— La chose est grave, en effet, et vaudrait peut-être la peine qu’on y réfléchît ; mais, que vous disais-je ; chacun sait, et le roi lui-même n’ignore pas que cet homme m’a grièvement blessée dans mon orgueil. Je le hais… autant que mon mari ou madame Diane, et, ma foi ! je crois pouvoir vous promettre… Mais qu’y a-t-il donc, Isabeau, et pourquoi nous interrompre ?

Ces derniers mots de la duchesse s’adressaient à une des femmes qui entrait tout effarée.

— Mon Dieu ! madame, dit Isabeau, je vous demande pardon, mais c’est cet artiste florentin, ce Benvenuto Cellini, qui est là avec le plus beau petit vase doré qu’on puisse imaginer. Il a dit très poliment qu’il venait l’offrir à Votre Seigneurie, et qu’il demandait instamment la faveur de vous entretenir une minute.

— Ah ! oui da ! reprit la duchesse avec la satisfaction d’une fierté adoucie, et que lui as-tu répondu, Isabeau ?

— Que madame n’était pas habillée et que j’allais la prévenir.

— Très bien. Il paraît, ajouta la duchesse en se retournant vers le prévôt consterné, que notre ennemi s’amende et qu’il commence à reconnaître ce que nous valons et ce que nous pouvons. C’est égal, il n’en sera pas quitte à si bon marché qu’il croit, et je ne vais pas recevoir comme