Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
245
ASCANIO.

bonne humeur, avaient plu à Cellini. — Il était à la paume juste de force à se défendre, mais à perdre. — Il pouvait, à une bouteille près, lutter à table. — Bref, l’orfèvre et lui étaient devenus les meilleurs amis du monde, et Cellini, généreux parce qu’il savait sa richesse inépuisable, l’avait forcé un jour d’emporter cette petite bague, si admirablement ciselée qu’à défaut de pomme elle eût tenté Ève et jeté la discorde dans les noces de Thétis et de Pelée

Le lendemain du jour où la bague passa des mains de Jacques Aubry dans les mains de Gervaise, Gervaise reprit son sérieux, et l’écolier espéra qu’elle était à lui. Le pauvre fou ! c’est lui qui était à elle.

Scozzone, selon son désir, parvint à ranimer dans le cœur de Benvenuto une étincelle de jalousie. Voici comment.

Un soir que ses coquetteries et ses gentillesses avaient encore échoué devant l’impassible gravité du maître, elle prit à son tour un air solennel.

— Benvenuto, dit-elle, savez-vous que vous ne paraissez guère songer à vos engagemens envers moi.

— Quels engagemens, chère petite ? répondit Benvenuto en ayant l’air de chercher au plafond l’explication de ce reproche.

— Ne m’avez-vous pas promis cent fois de m’épouser ?

— Je ne me le rappelle pas, dit Benvenuto.

— Vous ne vous le rappelez pas ?

— Non, il me semble que j’ai répondu seulement : il fau(ira voir.

— Eh bien ! avez-vous vu ?

— Oui.

— Qu’avez-vous vu ?