Scène V.
Avez-vous vu, baron ? il vient de déposer
Devant nous sur la main de la reine un baiser ;
Il ne se cache plus ; sa victoire est complète ;
Un baiser sur la main !…
J’en conviens.
Vous l’avez peut-être aussi vu, vous ?
Oui.
Au ciel. À nous servir je crois que Dieu s’applique.
Le marquis sera roi ; c’est un bon catholique.
Mais d’où vient qu’on reçoit ici l’ambassadeur
De Portugal ?
S’y trouve bien.
Près du trône. Aujourd’hui, du fardeau qui vous lasse,
À qui doit le porter nous remettrons le poids.
Placez-vous, mes amis, pour la dernière fois.
Regardez donc, il a sur le velours du trône
Déjà posé le pied.
Dites-moi, croyez-vous, baron, qu’il ôtera
Son chapeau qu’avec nous il garde ?
Les grands d’Espagne seuls, lorsqu’ils sont en présence
Du roi gardent le leur ; — c’est un droit de naissance !
Mon oncle, la comtesse Ebba doit-elle ici
Accompagner la reine ?
Oui, sans doute.
Merci !…
Elle est dame d’honneur. Beau titre !
Oh ! peu m’importe.
Voilà sa Royauté qui vient par cette porte,
Messieurs, à tout espoir il nous faut dire adieu !
Le prince Palatin, Charles-Gustave.
L’héritier présomptif !…
Ils sont deux maintenant. Un de trop.
Altesse, l’étiquette a marqué votre rang.
J’y vais monter avec la reine.
Tête et sang !
Scène VI.
La reine !
Car c’est nous aujourd’hui que le monde regarde.
Il tournera les yeux vers d’autres dès demain.
Prince Charles-Gustave, offrez-moi votre main…
Et restez là. — Messieurs, ce jour aura, j’espère,
Un heureux résultat. — Le croyez-vous, mon père ?
Reine, nous en avons tous la conviction.
Comte, nous acceptons votre démission
De grand trésorier.
Quoi ! j’aurais pu vous déplaire ?
Je vous fais chevalier de l’Étoile polaire,
Steinberg.
Ô Majesté !
De l’Aigle de Suède.
Ô Majesté !
Dans mon palais d’Upsal l’envoyé de Bragance !
Comte de Gondemar, c’est par trop d’arrogance.
Bragance se méprend en nous traitant d’égal :
Philippe Quatre seul est roi de Portugal.
Monsieur de Whitelock, dites à votre maître
Que Christine aujourd’hui devant tous fait connaître
L’alliance signée avec lui. — Pour milord,