Nul n’aurait intérêt à me tromper ; beaucoup peuvent désirer que je réussisse.
Richard, tu es bien jeune !
Pitt était ministre à vingt et un ans.
Et quelle garantie offriras-tu aux électeurs ?
Ma vie passée.
Mais tu ne possèdes rien.
Vous avez quelque fortune.
Mais je croyais que le manufacturier Stilman se mettait sur les rangs ?
Les électeurs craindront qu’il ne se vende pour une fourniture de laine.
Le banquier Wilkie…
Eh bien ?
Il a la réputation…
D’un sot.
Et d’un homme incorruptible.
Le comté voudra un représentant dont les discours soient cités dans les journaux.
Voyez, ma mère, il répond à tout.
L’ambition a bien de la logique, ma fille.
Et quels seront tes principes à la tribune ?
Cette profession de foi les contient ; les circonstances les développeront.
C’est cela que tu écrivais ?
Oui.
C’est un moyen bien usé.
On le rajeunit par le style.
La tribune a tant de fois démenti les promesses de l’élection !
Les masses sont crédules.
Et tu es décidé à t’exposer aux débats de la place publique, aux discours sur la borne, au boxing dans la rue ?
J’ai la voix forte et le poignet ferme.
Et sais-tu la langue qu’on doit parler au peuple ?
Je parle toutes les langues, mon père.
N’est-ce pas le moment de lui apprendre qu’il n’est pas mon fils ?
Il voudra savoir quel est son père, et, vous me l’avez dit, vous n’avez rien à lui apprendre sur ce point.
Oh ! Richard, si les femmes votaient !
Oui, oui, cela lui ôterait peut-être de son assurance, et je vous l’avoue, Mawbray, j’aime à le voir ainsi, ayant confiance enu sa force et la conscience de son mérite.
Mon bon docteur !
Mawbray, nous irons entendre son premier discours à la chambre. Eh bien ! Richard, soit, j’avais fait aussi ce rêve, mais je ne croyais pas qu’il dût sitôt s’accomplir.
Monsieur Mawbray, vous ne quitterez pas mon mari ?
Ni Richard ?
Soyez tranquilles ; j’assiste à cette assemblée en spectateur désintéressé, puisque, étranger à cette contrée, je n’y ai aucun droit politique.
Allons, allons ! partons, mon père ; c’est l’heure.
Adieu donc, messieurs, ne tardez pas à rentrer.
Bonne chance, Richard. Adieu ! adieu !