Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/611

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avec d’autres mots à la bouche que des mots de prière, avec un autre sentiment dans le cœur que celui de l’amour filial. Mais vous savez ce qui est arrivé, mon père ; eh bien, s’il est vrai que vous ayez aimé ma mère d’un amour conjugal ; s’il est vrai qu’elle fut toujours pure et que je suis votre fils aîné ; s’il est vrai qu’au moment de mourir vous vouliez me reconnaître pour l’héritier de votre nom ; si ce parchemin que je vous apporte est l’expression de votre volonté ; s’il est écrit de votre main, s’il est scellé de votre sceau, s’il n’y manque que votre signature, si la mort seule a fait tomber la plume de vos doigts, par l’amour de l’amant, par l’honneur du chevalier, par le cœur du père, je vous adjure, entendez-vous ? votre fils bien-aimé sur le sein duquel vous avez rendu le dernier soupir ; votre fils au désespoir vous adjure de demander à Dieu, comme unique récompense de votre noble vie, qu’il délie les chaînes glacées qui vous attachent au cercueil, afin que vous vous souleviez sur votre tombe, et mettiez votre signature au bas de cet acte.

DON JOSÈS, les bras étendus et les yeux fixes.

Père ! Père !… Mais non, le voilà redevenu immobile.

Froid ! c’était une illusion… Et ce parchemin ?

Il a signé ! Ah ! Je ne suis donc plus un vassal ! Je ne suis donc plus un bâtard ! Je suis Don Josès de Marana. Merci, père, merci !

Tu m’as donné le droit de porter l’épée !… Malheur à toi, Don Juan, malheur !

LE MAUVAIS ANGE.

Eh bien, vous ne m’attendez pas, Monseigneur ?

DON JOSÈS.

Je n’ai plus besoin de toi.

LE MAUVAIS ANGE.

Mais, moi, j’ai encore besoin de vous, maître !



ACTE IV



Tableau 4

Une église avec des