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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/70

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bassin de cuivre, dont les parois brillantes répétaient la couleur pourpre et laqueuse du sang fraîchement répandu.

L’énorme vase était à moitié rempli.

Balsamo recula épouvanté.

— Oh ! ce sang ! s’écria-t-il ; d’où vient ce sang ?

Althotau ne répondait pas, mais son regard ne perdait rien des fluctuations, des égarements et des terreurs de Balsamo. Soudain celui-ci poussa un rugissement terrible.

Puis, s’abaissant comme s’il fondait sur une proie, il s’élança vers un point de la chambre et ramassa par terre un ruban de soie broché d’argent après lequel pendait une longue tresse de cheveux noirs.

Après ce cri aigu, douloureux, suprême, un silence mortel régna un instant dans la chambre du vieillard.

Balsamo soulevait lentement ce ruban, examinant en frissonnant les cheveux dont une épingle d’or retenait l’extrémité clouée d’un côté à la soie, tandis que tranchés nettement de l’autre ils semblaient une frange dont le bout eût été effleuré par un flot de sang, car des gouttes rouges et mousseuses perlaient à l’extrémité de cette frange.

À mesure que Balsamo relevait sa main, sa main devenait plus tremblante.

À mesure que Balsamo attachait son regard plus sûrement sur le ruban souillé, ses joues devenaient plus livides.

— Oh ! d’où vient cela ? murmura-t-il, mais assez haut cependant pour que sa parole devînt une question pour un autre que pour lui-même.

— Cela ? dit Altbotas.

— Oui, cela ?

— Eh bien, c’est un ruban de soie enveloppant des cheveux.

— Mais ces cheveux, ces cheveux, dans quoi ont-ils trempé ?

— Tu le vois bien, dans le sang.

— Dans quel sang ?

— Eh ! parbleu ! dans le sang qu’il me fallait pour mon