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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/110

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MURAT

affirmatif ; aussitôt Joachim s’assit à une table, et écrivit cette lettre[1] :

« Chère Caroline de mon cœur,

» L’heure fatale est arrivée, je vais mourir du dernier des supplices ; dans une heure tu n’auras plus d’époux, et nos enfans n’auront plus de père : souvenez-vous de moi et n’oubliez jamais ma mémoire.
» Je meurs innocent, et la vie m’est enlevée par un jugement injuste.
» Adieu, mon Achille ; adieu, ma Lætitia ; adieu, mon Lucien ; adieu, ma Louise.
» Montrez-vous dignes de moi ; je vous laisse sur une terre et dans un royaume pleins de mes ennemis : montrez-vous supérieurs à l’adversité, et souvenez-vous de ne pas vous croire plus que vous n’êtes, en songeant à ce que vous avez été.
» Adieu ; je vous bénis. Ne maudissez jamais ma mémoire. Rappelez-vous que la plus grande

  1. Nous pouvons en garantir l’authenticité, l’ayant transcrite nous-même au Pizzo sur la copie qu’avait conservée de l’original le chevalier Alcala.