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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/129

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LA SALLE D’ARMES.

cette mémoire grandissante que conserve religieusement, transporté loin des lieux où il a été élevé, le souvenir poétique de l’enfant. Syracuse, Agrigente, Palerme, se déroulèrent ainsi sous mes yeux, magnifique panorama inconnu alors pour moi, et éclairé par les lueurs de son imagination ; puis enfin, passant des détails topographiques aux mœurs du pays, sur lesquelles je ne me lassais pas de l’interroger ; — Tenez, me dit-il, n’oubliez pas de faire une chose lorsque vous irez de Palerme à Messine, soit par mer, soit par terre : arrêtez-vous au petit village de Bauso, près de la pointe du cap Blanc ; en face de l’auberge vous trouvez une rue qui va en montant, et qui est terminée à droite par un petit château en forme de citadelle ; aux murs de ce château il y a deux cages, l’une vide, l’autre dans laquelle blanchit depuis vingt ans une tête de mort. Demandez au premier passant venu l’histoire de l’homme à qui a appartenu cette tête, et vous aurez un de ces récits complets, qui déroulent toute une société, depuis la montagne jusqu’à la ville, depuis le paysan jusqu’au grand seigneur.