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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/139

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C’est l’heure à laquelle les pirates d’Alger et les corsaires de Tunis sortent de leurs repaires, mettent au vent les voiles triangulaires de leurs felouques barbaresques, et rôdent autour de l’île, comme autour d’un bercail les hiènes de Zahara et les lions de l’Atlas. Malheur alors aux villes imprudentes qui s’endorment sans fanaux et sans gardes au bord de la mer, car leurs habitans se réveillent aux lueurs de l’incendie et aux cris de leurs femmes et de leurs filles, et avant que les secours ne soient arrivés, les vautours d’Afrique se seront envolés avec leurs proies ; puis, quand le jour viendra, on verra les ailes de leurs vaisseaux blanchir à l’horizon et disparaître derrière les îles de Porri, de Favignana ou de Lampadouze.

Parfois aussi il arrive que la mer prend tout-à-coup une teinte livide, que la brise tombe, que la ville se tait : c’est que quelques nuages sanglans qui courent rapidement du midi au septentrion ont passé dans le ciel ; c’est que ces nuages annoncent le sirocco, ce khamsin tant redouté des Arabes, vapeur ar-