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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/179

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cette vallée sont les restes d’une ancienne cité de Troglodytes, ces premiers habitans de l’île que civilisèrent les colonies grecques. Bruno entra dans l’une de ces cavernes, qui communiquait par un escalier à un étage supérieur, auquel un seul trou carré, en forme de fenêtre, donnait de l’air ; un lit de roseaux était amassé dans un coin, il y étendit le bournous de l’enfant, le coucha sur le bournous ; puis, redescendant pour allumer du feu, il remonta bientôt avec une branche de sapin enflammée, qu’il fixa dans le mur, et, s’asseyant sur une pierre, près de la couche du blessé, il attendit qu’il revint à lui.

Ce n’était pas la première fois que Bruno visitait cette retraite : souvent, dans ces voyages sans but qu’il entreprenait à travers la Sicile pour distraire sa vie solitaire, calmer l’activité de son esprit et chasser ses mauvaises pensées, il était venu dans cette vallée, et il avait habité cette chambre creusée dans le roc depuis trois mille ans ; c’est là qu’il se livrait à ces rêveries vagues et incohérentes qui sont habituelles aux hommes d’imagination aux-