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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/217

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rationnel que le peuple se retira à l’instant même, et que l’artilleur, la mèche et le canon rentrèrent vierges à l’arsenal. Mais ce n’était pas encore à ce seul motif qu’il devait sa popularité.

Tous les matins il allait se promener sur la terrasse qui dominait la place de la Marine, et comme au point du jour les portes de son palais étaient ouvertes pour tout le monde, il y trouvait toujours nombreuse compagnie de pauvres gens ; il portait ordinairement pour cette tournée un grand gilet de peau de daim dont les immenses poches devaient tous les matins être remplies, par son valet de chambre, de carlins et de demi-carlins, qui disparaissaient jusqu’au dernier pendant cette promenade, et cela avec une manière de faire et de dire qui n’appartenait qu’à lui ; de sorte qu’il semblait toujours prêt à assommer ceux auxquels il faisait l’aumône. — Excellence, disait une pauvre femme entourée de sa famille, ayez pitié d’une pauvre mère qui a cinq enfans. — Belle raison ! répondait le prince en colère ; est-ce moi qui te les ai faits ? — Et