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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/218

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avec un geste menaçant il laissait tomber dans son tablier une poignée de monnaie. — Signor principe, disait un autre, je n’ai pas de quoi manger. — Imbécile ! répondait le prince en lui allongeant un coup de poing qui le nourrissait pour huit jours, est-ce que je fais du pain, moi ? va-t’en chez le boulanger[1]. Aussi quand le prince passait par les rues toutes les têtes se découvraient, comme lorsque M. de Beaufort passait par les halles ; mais, plus puissant encore que le Frondeur français, il n’aurait eu qu’un mot à dire pour se faire roi de Sicile ; il n’en eut jamais l’idée, et il resta prince de Butera, ce qui valait bien autant.

Cette libéralité avait cependant trouvé un censeur, et cela dans la maison même du prince : ce censeur était son maître-d’hôtel. On doit comprendre qu’un homme du caractère que nous avons essayé d’indiquer devait surtout appliquer à ses dîners ce luxe et cette

  1. Voir pour plus amples détails sur cet homme singulier, dont j’ai trouvé la mémoire si vivante en Sicile qu’on le croirait mort d’hier, les souvenirs si spirituels et si amusans de Palmieri de Micciché.