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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/234

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billé ; puis, soit oubli, soit imprudence, il posa dans un coin la carabine qu’il avait détachée de la selle, et sortit de la chambre.

Cinq minutes après le brigadier rouvrit les yeux, regarda autour de lui, se trouva dans un lieu qui lui était parfaitement inconnu, et, se croyant sous l’empire d’un rêve, il se tâta lui-même pour savoir s’il était bien éveillé. Ce fut alors que, sentant une douleur au front, il y porta la main, et, la retirant pleine de sang, s’aperçut qu’il était blessé. Cette blessure fut un point de souvenir pour sa mémoire ; alors il se rappela qu’il avait été arrêté par un seul homme, lâchement abandonné par ses gendarmes, et qu’au moment où il s’élançait sur cet homme son cheval s’était abattu. Passé cela, il ne se souvenait plus de rien.

C’était un brave que ce brigadier ; il sentait quelle responsabilité pesait sur lui, et son cœur se serra de colère et de honte ; il regarda autour de la chambre, essayant de s’orienter ; mais tout lui était absolument inconnu ; il se leva, alla à la fenêtre, vit qu’elle donnait sur