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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/253

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invisible, rêvant ou parlant d’amour, et l’on sera encore loin de se faire de cette soirée un tableau pareil au souvenir qu’en avaient conservé, à mon passage à Palerme, c’est-à-dire trente-deux ans après l’événement, les personnes qui y avaient assisté.

Parmi les groupes qui circulaient dans ces allées et dans ces salons, il y en avait un surtout qui attirait plus particulièrement les regards de la foule ; c’était celui qui s’était formé à la suite de la belle comtesse Gemma, et qu’elle entraînait après elle comme un astre fait de ses satellites : elle venait d’arriver à l’instant même avec une société de cinq personnes, qui avait adopté, ainsi qu’elle, le costume des jeunes femmes et des jeunes seigneurs qui, dans la magnifique page écrite par le pinceau d’Orgagna sur les murs du Campo-Santo de Pise, chantent et se réjouissent pendant que la mort vient frapper à leur porte. Cet habit du treizième siècle, si naïf et si élégant à la fois, semblait choisi exprès pour faire ressortir l’exquise proportion de ses formes, et elle s’avançait au milieu d’un