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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/28

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MURAT.

s’est passée ! Il y avait une flotte anglaise dont le canon grondait dans le port ; il y avait une population napolitaine qui hurlait dans les rues. Si j’avais été seul, j’aurais passé avec un bateau au milieu de la flotte, avec mon sabre au milieu de la foule ; mais j’avais une femme, des enfants. Cependant j’ai hésité, l’idée que l’épithète de traître et de transfuge s’attacherait à mon nom m’a fait verser plus de larmes que ne m’en coûtera jamais la perte de mon trône, et peut-être la mort des êtres que j’aime le plus… Enfin il ne veut pas de moi, n’est-ce pas ?… Il me refuse comme général, comme capitaine, comme soldat ?… Que me reste-t-il donc à faire ?…

— Sire, il faut que votre majesté sorte à l’instant de France [1].

— Et si je n’obéissais pas ?

— Mes ordres sont alors de vous arrêter et de vous livrer à un conseil de guerre !…

  1. Madame la duchesse d’Abrantès a, dans ses Mémoires sur la Restauration, magnifiquement raconté cette scène, dont, comme le général T., elle connaissait les détails par un témoin oculaire. Note de l’Éditeur.