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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/29

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LA SALLE D’ARMES.

— Ce que tu ne ferais pas, n’est-ce pas, mon vieux camarade ?

— Ce que je ferais, en priant Dieu de me frapper de mort au moment où j’étendrai la main sur vous !

— Je vous reconnais là, Brune ; vous avez pu rester brave et loyal, vous ! Il ne vous a pas donné un royaume, il ne vous a pas mis autour du front ce cercle de feu, qu’on appelle une couronne et qui rend fou ; il ne vous a pas placé entre votre conscience et votre famille. Ainsi, il me faut quitter la France, recommencer la vie errante, dire adieu à Toulon, qui me rappelait tant de souvenirs. Tenez, Brune, continua Murat en s’appuyant sur le bras du maréchal, ne voilà-t-il pas des pins aussi beaux que ceux de la villa Pamphile, des palmiers pareils à ceux du Caire, des montagnes qu’on croirait une chaîne du Tyrol ? Voyez à gauche ce cap de Gien, n’est-ce pas, moins le Vésuve, quelque chose comme Castellamare et Sorrente ? Et tenez, Saint-Mandrier, qui ferme là-bas le golfe, ne ressemble-t-il pas à mon rocher de Caprée, que Lamarque a si bien escamoté à cet imbécile d’Hudson