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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/336

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vant ses yeux, depuis cet âge de la première enfance où l’on commence à se rappeler ; il chercha en vain dans cet âge ce qu’il avait pu faire pour mériter la destinée qui attendait sa jeunesse. Il n’y trouva rien qu’une obéissance filiale et sainte aux parens que le Seigneur lui avait donnés. Il se rappela cette maison paternelle si tranquille et si heureuse d’abord, et qui tout-à-coup était devenue, sans qu’il en sût encore la cause, si pleine de larmes et de douleurs ; il se rappela le jour où son père était sorti avec un stylet, et était rentré plein de sang ; il se rappela la nuit pendant laquelle celui à qui il devait la vie avait été arrêté comme il venait de l’être, où on l’avait conduit, lui enfant, dans une chapelle ardente pareille à celle où il était maintenant renfermé, et le moment où il trouva dans cette chapelle un homme enchaîné comme lui. Il lui sembla que c’était une fatale influence, un hasard capricieux, une victorieuse supériorité du mal sur le bien, qui avaient ainsi mené au pire toutes les choses de sa famille. Alors il ne comprit plus rien aux promesses de félicité que le ciel fait aux hommes ; il chercha vaine-