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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/337

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ment dans sa vie une apparition de cette Providence tant vantée ; et, pensant qu’en ce moment suprême quelque chose de cet éternel secret lui serait révélé peut-être, il se précipita le front contre terre, adjurant Dieu, avec toutes les voix de son âme, de lui dire le mot de cette énigme terrible, de soulever un pan de ce voile mystérieux, et de se montrer à lui comme un père ou comme un tyran. Cette espérance fut vaine, tout resta muet, si ce n’est la voix de son cœur, qui répétait sourdement : Vengeance ! vengeance ! vengeance !…

Alors il pensa que la mort était peut-être chargée de lui répondre, et que c’était dans un but de révélation qu’un cadavre avait été apporté près de lui, tant il est vrai que l’homme le plus infime fait de sa propre existence le centre de la création, croit que tout se rattache à son être, et que sa misérable personne est le pivot autour duquel tourne l’univers. Il se releva donc lentement, plus sombre et plus pâle de sa lutte avec sa pensée que de sa lutte avec l’échafaud, et tourna les yeux vers ce cadavre ; c’était celui d’une femme.