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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/45

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LA SALLE D’ARMES.

Cette chance de salut rendit à l’instant même toutes ses forces à Murat ; il se leva, embrassa M. Marouin, lui recommanda d’aller trouver sa femme et de lui remettre le volume de Voltaire ; puis il s’élança dans la barque, qui s’éloigna aussitôt.

Elle était déjà à quelque distance de la côte lorsque le roi arrêta le rameur et fit signe à Marouin qu’il avait oublié quelque chose. En effet, sur la plage était un sac de nuit dans lequel Murat avait renfermé une magnifique paire de pistolets montés en vermeil, qui lui avait été donnée par la reine et à laquelle il tenait prodigieusement. À peine fut-il à la portée de la voix qu’il indiqua à son hôte le motif de son retour. Celui-ci prit aussitôt la valise, et, sans attendre que Murat touchât terre, il la lui jeta de la plage dans le bateau ; en tombant, le sac de nuit s’ouvrit et un des pistolets en sortit. Le pêcheur ne jeta qu’un coup d’œil sur l’arme royale ; mais ce fut assez pour qu’il remarquât sa richesse et qu’il conçût des soupçons. Il n’en continua pas moins de ramer vers le bâtiment. M. Marouin le