Aller au contenu

Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
MURAT.

card montèrent derrière lui, Donadieu resta au gouvernail, les deux autres officiers se chargèrent de la manœuvre et commencèrent leur service en déployant les voiles. Aussitôt, comme un cheval qui sent l’éperon, la petite barque sembla s’animer ; les marins jetèrent un coup d’œil insoucieux vers la terre, et Murat, sentant qu’il s’éloignait, se retourna du côté de son hôte et lui cria une dernière fois :

— Vous avez votre itinéraire jusqu’à Trieste… n’oubliez pas ma femme !… Adieu !… Adieu !…

— Dieu vous garde, sire, murmura Marouin ; — et quelque temps encore, grâce à la voile blanche qui se dessinait dans l’ombre, il put suivre des yeux la barque qui s’éloignait rapidement ; enfin elle disparut. Marouin resta encore quelque temps sur le rivage, quoiqu’il ne vit plus rien et n’entendit plus rien ; alors un cri affaibli par la distance parvint encore jusqu’à lui : ce cri était le dernier adieu de Murat à la France.

Lorsque M. Marouin me raconta un soir,