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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/66

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MURAT.

tellement souffert qu’il n’y avait pas probabilité qu’elle pût gagner Bastia.

Le jour se passa tout entier sans que les voyageurs pussent faire plus de dix lieues ; ils naviguaient sous la petite voile de foque, n’osant tendre la grande voile ; et le vent était si variable, que le temps se perdait à combattre ses caprices. Le soir une voie d’eau se déclara ; elle pénétrait à travers des planches disjointes ; les mouchoirs réunis de l’équipage suffirent pour tamponner la barque, et la nuit, qui descendit triste et sombre, les enveloppa pour la seconde fois de son obscurité. Murat, écrasé de fatigue, s’endormit ; Blancard et Langlade reprirent place près de Donadieu ; et ces trois hommes, qui semblaient insensibles au sommeil et à la fatigue, veillèrent à la tranquillité de son sommeil.

La nuit fut, en apparence, assez tranquille ; cependant quelquefois des craquemens sourds se faisaient entendre. Alors les trois marins se regardaient avec une expression étrange ; puis leurs yeux se reportaient vers le roi, qui dor-