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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/67

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LA SALLE D’ARMES.

mait au fond de ce bâtiment, dans son manteau trempé d’eau de mer, aussi profondément qu’il avait dormi dans les sables de l’Égypte et dans les neiges de la Russie, Alors l’un d’eux se levait, s’en allait à l’autre bout du canot en sifflant entre ses dents l’air d’une chanson provençale… puis, après avoir consulté le ciel, les vagues et la barque, il revenait auprès de ses camarades, et se rasseyait en murmurant : — C’est impossible ; à moins d’un miracle, nous n’arriverons jamais. — La nuit s’écoula dans ces alternatives. Au point du jour on se trouva en vue d’un bâtiment : Une voile ! s’écria Donadieu, une voile ! À ce cri, le roi se réveilla. En effet, un petit brick marchand apparaissait venant de Corse et faisant route vers Toulon. Donadieu mit le cap sur lui, Blancard hissa les voiles au point de fatiguer la barque, et Langlade courut à la proue, élevant le manteau du roi au bout d’une espèce de harpon. Bientôt les voyageurs s’aperçurent qu’ils avaient été vus ; le brick manœuvra de manière à se rapprocher d’eux ; au bout de dix minutes ils se trouvèrent à cinquante pas l’un de l’autre. Le capitaine parut sur l’avant.