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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/88

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MURAT

bord, ne voulant point rester à celui de Courrand, qui, à leur avis, trahissait. Murat l’envoya chercher, et, malgré ses protestations de dévouement, il le fit descendre avec cinquante hommes dans une chaloupe, et ordonna d’amarrer la chaloupe à son bâtiment. L’ordre fut exécuté aussitôt, et la petite escadre continua sa route, longeant, sans les perdre de vue, les côtes de la Calabre ; mais à dix heures du soir, au moment où l’on se trouvait à la hauteur du golfe de Sainte-Euphémie, le capitaine Courrand coupa le câble qui le traînait à la remorque, et, faisant force de rames, il s’éloigna de la flottille. Murat s’était jeté sur son lit tout habillé : on le prévint de cet événement. Il s’élança aussitôt sur le pont et arriva à temps encore pour voir la chaloupe, qui fuyait dans la direction de la Corse, s’enfoncer et disparaître dans l’ombre. Il demeura immobile, sans colère et sans cris ; seulement il poussa un soupir et laissa tomber sa tête sur sa poitrine : c’était encore une feuille qui tombait de l’arbre enchanté de ses espérances.

Le général Franchescetti profita de cette