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15 centimes le Numéro
29 Avril 1859
No 14

LE CAUCASE
JOURNAL DE VOYAGES ET ROMANS
PARAISSANT TOUS LES JOURS

Nous commençons notre publication par le voyage d’ALEXANDRE DUMAS au Caucase.
Cette première publication de notre Journal, entièrement inédite, sera complète en trente numéros pour lesquels on s’abonne chez Jaccottet, rue Lepelletier, 31, et pour la vente, chez Delavier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 11.

Nous visitâmes le bazar ; il occupe toute une rue. On y vend des tapis et des étoffes de soie d’un goût primitif mais charmant.

J’oubliais de dire que le matin, en montant de la basse ville dans la haute, nous avions rencontré près d’une fontaine en ruine, dont Moynet faisait le dessin, le commandant de la ville. Il avait appris notre arrivée et venait nous chercher pour nous emmener chez lui.

Nous étions attendus par sa femme et par sa sœur : la femme jeune et jolie, la sœur d’un certain âge, excellente personne parlant très-bien le français.

N’est-ce pas curieux, à quinze cents lieues de Paris, de loger dans une maison dont les trois tableaux sont Montereau, Jaffa, Fontainebleau, et de déjeuner au milieu d’une famille russe parlant le français ?

On nous avait bien fait promettre d’être de retour pour dîner. En effet, à trois heures, fidèles à notre promesse, nous rentrâmes. Au reste, notre commandant, M. Ochichinsky, excellent homme, gai et vigoureux vieillard de soixante ans, était venu partout avec nous.

Pendant notre course au bazar, une invitation nous était arrivée : le plus riche Tatar de Schumaka, Mahmoud-Beg, nous conviait à un souper persan et à une soirée de bayadères.

Les bayadères de Schumaka ont conservé une certaine réputation non-seulement dans le Chirvan, mais dans toutes les provinces du Caucase.

Il y avait longtemps qu’on nous parlait de ces belles prêtresses qui desservent deux cultes à la fois. — N’oubliez pas de voir les bayadères à Schumaka, nous avait dit le prince Dundukoff. — N’oubliez pas de voir les bayadères à Schumaka, nous avait dit Bagration. — N’oubliez pas de voir les bayadères à Schumaka, nous avait-on répété à Bakou.