Page:Dumas - Mes mémoires, tome 1.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

LIBERTÉ — ÉGALITÉ — VERTU.

« La municipalité d’Adria au citoyen Alexandre Dumas, général de division,

» Le 9 nivôse 1797, l’an v de la République française une et indivisible, et deuxième de la liberté italienne.

» Cette municipalité, général, ne saurait arriver à vous exprimer toutes les obligations qu’elle vous a, pour les actes de faveur dont vous avez daigné la combler en diverses circonstances, surtout en la soulageant par le retrait des troupes, et encore plus par le remboursement des sommes injustement perçues par le général L***.
xxxx » La municipalité, reconnaissante de vos bontés pour elle, saisit cette occasion de vous offrir un cheval, vous priant de l’accepter comme un faible hommage et un gage assuré de toutes les obligations qu’elle vous doit.
xxxx » Nous sommes, général, avec une sincère estime…

» Salut et fraternité.
» Lunali, président ; Lardi, secrétaire général. »

Comme on le voit, ce fut un véritable désespoir lorsque mon père quitta le Trévisan ; le deuil fut général ; la ville de Trévise voulait envoyer une députation au général en chef Bonaparte pour qu’on lui laissât son gouverneur. Quand elle eut perdu tout espoir de le conserver, on lui demanda dix jours, qui furent employés à des fêtes continuelles ; puis, l’heure du départ arrivée, tout ce qu’il y avait de distingué dans la ville reconduisit mon père jusqu’à Padoue, où les fêtes recommencèrent.

Pendant huit autres journées, ces adieux furent prolongés. Les huit premières maisons de la ville se chargèrent chacune d’une fête ; chaque jour, mon père changeait de domicile, et allait habiter pour toute la journée et toute la nuit chez le sénateur traitant.