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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

sire, et chacun s’y relâche singulièrement du service. Je fais ce que je puis pour retenir chaque partie liée entre elles, mais cela va très-mal. Les troupes ne sont ni payées ni nourries, et tu devines aisément combien cela attire de murmures. Ils sont peut-être encore plus forts de la part des officiers que de celle des soldats. On nous fait espérer que, d’ici à huit jours, les administrations seront assez bien organisées pour faire exactement les distributions ; mais cela sera bien long.
xxxx » Si tu viens bientôt, — ce que je souhaite ardemment, — fais-toi escorter, même sur ta barque, par deux carabiniers qui puissent répondre aux attaques des Bédouins, qui ne manqueraient certainement pas de se présenter sur la rive du Nil pour te fusiller au passage.
xxxx » Le commissaire ordonnateur Sussy a eu le bras cassé sur la flottille en remontant du Caire. Tu pourrais peut-être revenir avec les chaloupes canonnières et les djermes qui sont allés chercher les effets des troupes à Alexandrie.
xxxx » Arrive ! arrive, arrive !

» Tout à toi.
» Dumas.x

» P.-S. Amitiés à Auguste et aux collègues. »


XII


Témoignages du général Dupuis et de l’adjudant général Boyer. — Les mécontents. — Nouvelle discussion entre Bonaparte et mon père. — Bataille d’Aboukir. — Mon père trouve un trésor. — Sa lettre à ce sujet.

Peut-être pensera-t-on que la méchante humeur de mon père, l’ennui de ne pas avoir de division à commander, son esprit de républicanisme, enfin, lui font envisager les choses d’un mauvais côté ; soit. Cherchons dans la correspondance de l’armée d’Égypte, interceptée par l’escadre de Nelson, une lettre du général Dupuis.

Celui-ci n’a pas à se plaindre : il commande le Caire, et il va