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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Je fis, à cet égard, un exposé de tous les dangers imminents qu’il fallait conjurer par un prompt changement de régime et par un repos absolu ; dans une situation aussi critique, la moindre attaque du mal régnant devait être mortelle. Le comte Hartmann se chargea de présenter ce rapport à l’empereur, qui me fit transmettre l’ordre de venir le lui répéter textuellement, en présence du duc de Reichstadt, à l’issue de la revue militaire qu’il devait passer le lendemain sur le Schmolz, près de Vienne. Je me rendis exactement, à l’heure indiquée, sur ce champ de manœuvres, où l’empereur, se mêlant aux troupes et au peuple, voulait ainsi rassurer, par son exemple, contre les terreurs de la contagion. Quand la revue fut terminée, je m’approchai de Sa Majesté, et je lui répétai mon rapport.

» L’empereur, s’adressant alors au jeune prince, lui dit :

» — Vous venez d’entendre le docteur Malfatti… Vous vous rendrez immédiatement à Schœnbrünn.

» Le duc s’inclina respectueusement en signe d’obéissance ; mais, en se relevant, il me lança un regard d’indignation.

» — C’est donc vous qui me mettez aux arrêts ? me dit-il avec un accent de colère.

» Et il s’éloigna rapidement. »

Mais il n’en fut pas moins forcé d’obéir aux ordres de l’empereur, et c’est ce que voulait le docteur Malfatti.

CCLI

Le duc de Reichstadt à Schœnbrünn. — Progrès de sa maladie. — L’archiduchesse Sophie. — Derniers moments du prince — Sa mort. — Effet que la nouvelle produit à Paris. — Article du Constitutionnel sur cet événement.

Le séjour du duc de Reichstadt à Schœnbrünn fut favorable à sa santé.

Tous les jours, le jeune prince montait à cheval, et assistait aux grandes manœuvres, mais avec le commandement géné-