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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/104

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ral : c’était un biais trouvé par l’empereur pour dispenser son petit-fils de donner de la voix, et, par conséquent, de fatiguer sa poitrine.

Une seule fois, l’empereur assistant à la revue, le duc lui demanda avec instance, et obtint de lui de prendre le commandement de son bataillon.

La saison dès chasses arriva ; l’empereur eût désiré que son fils ne s’exposât point à la fatigue de longues courses, et aux intempéries des froides journées d’automne ; mais le duc de Reichtadt insista et suivit les chasses.

À la seconde, il fut obligé de revenir sans assister à l’hallali, et les anciens symptômes se déclarèrent de nouveau. Ces symptômes étaient une toux d’irritation qui avait principalement son siège dans la trachée-artère et dans les bronches ; une faiblesse qui amenait une continuelle envie de dormir, et une dyscrasie de tout le système cutané.

Dès lors, le docteur Malfatti recommanda au prince d’éviter avec le plus grand soin les efforts de toute nature, et principalement ceux de l’organe de la voix. Cette recommandation, c’était une rupture absolue avec toutes les habitudes militaires du prince ; aussi dissimulait-il, autant que possible, sa souffrance, et avait-il la ferme volonté, sinon de ne pas être malade, du moins de ne le point paraître.

Plusieurs fois, le duc pressait l’empereur de lui laisser reprendre son service militaire ; mais l’empereur s’y opposa toujours.

Trois hommes considérables moururent à Vienne, vers la fin de l’année : le comte de Giulay, le baron de Frémont et le baron de Siegenthal. Le jeune prince, qui, depuis quelques jours, prétendait aller beaucoup mieux, sollicita de l’empereur la permission de suivre, avec la troupe, le convoi du baron de Frémont. — L’empereur céda, et une nouvelle indisposition fut la suite de cette condescendance.

Enfin, une dernière fois, — il s’agissait du service funèbre du général de Siegenthal, — le prince parut, avec les troupes, sur la place Joseph. La température était très-froide ; au milieu des commandements qu’il adressait à son bataillon, il